Dossier
Verchain’s Justice : The O’Bannon Trial – Episode 3
Ed O’Bannon vs. The NCAA. The Trial. Episode 3. Les compte-rendus d’audience. Sauce Verchain. Avec beaucoup de virgules, de parenthèses et de points de suspension…
Bonjour à toutes. Oui, à tous aussi. Votre ami Verchain, le gars qui parle de lui à la troisième personne et aime à se coltiner pour The Blue Pennant tous les –vrais- scandales du football universitaire (s’il devait faire la revue des arrestations et des exclusions de joueurs, il y passerait ses journées) et leurs répercussions judiciaires, s’est porté volontaire pour vous retranscrire, de manière la plus simple possible et en mettant les choses en perspective lorsque nécessaire, les différentes phases du procès présenté par certains comme le plus important de l’histoire du sport (rien que ça…) : Ed O’Bannon vs. The NCAA.
En direct live différé d’Oakland, California, voici donc les compte-rendus d’audience. Sauce Verchain. Avec beaucoup de virgules, de parenthèses et de points de suspension…
Dans les épisodes précédents, on a encore et toujours tourné autour des mêmes éléments… Les étudiants-athlètes sont-ils d’abord des étudiants ou des athlètes ? That is the question…
Day Seven
Avocat échaudé craint l’eau froide. En vertu de ce vieil adage, les avocats de la NCAA se sont contentés de quelques formalités avant d’expédier Morticia hors de ma vue. Juste le temps de faire préciser à la professeur de Drexel que, selon elle, les étudiants-athlètes hors de la Division 1 de basket de Division FBS en football n’étaient pas concernés par son acception que lesdits joueurs consacraient un temps fou à leur sport… L’avocat de la NCAA Luis Li était revenu à de meilleures disposition de la veille et a finalement mis en doute le témoignage de Morticia en produisant des données de la NCAA qui indiquent que les joueurs de Division 2, Division 3 ou d’autres sports consacrent autant de temps que les footballeurs ou les basketteurs à leur sport… Et même que les joueurs de baseball en consacrent plus, en Division 1. Et pour contrer l’argument des taux de réussite aux diplômes, Li a sorti des données montrant une amélioration des taux de réussite des étudiants-athlètes supérieurs en 2006 que ce qu’ils étaient dans les années 80. Morticia est mortifiée.
La place était donc laissée à Chris Plonsky.
Miss Plonsky est la Director of Athletics à Texas, pour la section féminine. Citée par la NCAA en sa qualité d’experte en sports universitaire pour appuyer le fait que les règles empêchant la rémunération des étudiants-athlètes permet l’imbrication du sport et des études. Chris est également responsable du marketing et de la communication pour l’ensemble du département des sports des Longhorns. Au cours de son témoignage, elle a affirmé que les coaches à Texas recevaient la consigne de recruter des joueurs qui étaient ‘sérieux dans leurs études’ qui pourraient ‘avoir leur diplôme en poche lorsque leur éligibilité serait terminée’ et que les étudiants-athlètes ne progressaient pas dans leurs années d’étude au bénéfice de leur statut mais qu’ils devaient ‘tracer leur chemin vers un diplôme’.
Elle a ajouté que rémunérer les basketteurs et footballeurs créerait une fracture au sein de la population des étudiants-athlètes et des étudiants en général. Interrogée sur la possibilité de mettre en place une rémunération des étudiants-athlètes, Plonsky a affirmé que l’Université du Texas pencherait pour refuser cela et qu’elle refuserait la professionnalisation des sports universitaires.
En cela, elle confirmait un point évoqué dans les discussions préparatoires par la NCAA : plusieurs universités seraient dans le même cas que Texas.
Les plaignants attendaient le contre-interrogatoire avec impatience. Ils avaient en effet quelques documents à produire. Notamment un email de Plonsky, daté de 2009, adressé à Mike Beeby, alors comissionner de la Big 12, indiquant au sujet de la plainte O’Bannon que cette plainte était ‘le résultat d’une impression de droit créée par notre politique de négociation des droits télé, et que (les plaignants) menaçaient les carrières des joueurs d’aujourd’hui en voulant récupérer de l’argent pour leurs carrières aujourd’hui terminées’. ‘A partir de là, pourquoi ne pas imaginer qu’ils (les plaignants et les joueurs actuels) viennent réclamer une part de nos recettes télévisées’.
Un autre e-mail émanant de Elizabeth Altmeier, ancienne représentante d’Iowa dans le groupe de travail commercial de la Big 12, a été produit. Lizzy affirmait qu’il fallait envisager de donner une partie des droits merchandising aux étudiants-athlètes. Ce à quoi, dans un autre email, Graham Spanier, alors président de Penn State et responsable du groupe de travail, indiquait au président de la NCAA d’alors David Berst, qu’il ne reprendrait ‘jamais cette idée dans le rapport final du groupe de travail’, et ne le mentionnerait même pas.
Au sortir de la salle de Judge Claudia, les avocats des plaignants étaient plutôt contents de leurs effets, allant jusqu’à affirmer que Ponsky était ‘un de leurs témoins’…
Day Eight
La journée d’audience a commencé avec un témoin de la NCAA, le prix Nobel d’économie James Heckman qui est venu affirmer que les assertions des plaignants sur l’absence d’intégration études et sport ainsi que sur les faibles taux de diplômes des étudiants-athlètes sont totalement fausses. Et particulièrement pour les étudiants-athlètes issus de familles défavorisés, qui ont 38% de chances de plus d’obtenir leur diplôme qu’un étudiant lambda issu lui aussi d’une famille défavorisée. Il présente également des statistiques issues de ses propres recherches affirmant que le salaire à l’embauche d’un ancien athlète universitaire est plus élevé de 13% que celui d’un étudiant lambda, même sans diplôme.
Les plaignants ont contre-attaqué en insistant sur l’absence de discernement dans les chiffres du prix Nobel qui n’étaient pas répartis par division universitaire. Heckman a essayé de se défendre en affirmant avoir affiné ses statistiques dans des études ultérieures, ce à quoi Judge Claudia a martelé que ces études ne pouvaient être prises en compte… Bref… Rien de bien nouveau…
Les plaignants ont ensuite eu le droit de citer Joel Litzner…
On commence avec une bonne nouvelle : le directeur juridique d’Electronic Arts est venu affirmer au tribunal que son entreprise souhaiterait négocier des droits avec les joueurs pour remettre sur le marché un jeu utilisant les universitaires. En football, sans doute, car le jeu de basket ne marchait pas vraiment sur le marché. Les avocats des plaignants sont parvenus à lui faire affirmer qu’il existait bien une valeur de droit à l’image pour les joueurs, et qu’EA, qui a signé un accord avec les plaignants pour 40 millions de dollars qui doit encore recevoir l’aval du juge Wilken.
Retour à un témoin des défendeurs : le Président de South Carolina, Harris Pastides. Pas très surprenant, le témoignage du gars… Il considère qu’on pourrait rémunérer un peu les étudiants-athlètes à travers une bourse d’un montant plus élevé qui couvrirait ‘le coût complet’ des études et de la vie sur et hors campus. Tout serait question de ‘niveau’ de ce complément, mais payer véritablement une grosse fraction des droits télé aux étudiants-athlètes n’est pas envisageable. South Carolina serait sans doute très ennuyée si elle devait payer ses joueurs (cela pourrait entraîner des coupes budgétaires dans de nombreux programmes sportifs mineurs), mais pas au point d’envisager de quitter la Division FBS, l’engagement au plus haut niveau faisant partie de l’identité de la fac… Pastides a même à moitié plaisanté en affirmant que son conseil d’administration le virerait s’il venait à leur proposer d’abandonner la division FBS. Interrogé sur les augmentations de salaire de Coach Spurrier, Pastides a répondu que le niveau de revenu de la fac permettait de payer le coach comme les Gamecocks le font…
La NCAA appelle ensuite Bernard Muir, le director of athletics de Stanford, qui vient vendre sa came comme quoi les étudiants-athlètes à The Farm viennent avant tout pour la qualité des études et zzzzz…
On commence à s’ennuyer, non ???
Wait… What ????
Seulement voilà… La cession s’est achevée un peu plus tôt que les autres jours… Parce que Judge Claudia avait rendez-vous dans une autre salle de tribunal pour s’occuper d’un paquet d’autres plaintes en anti-trust contre la NCAA… Toutes ont en commun de revendiquer que la NCAA est un cartel qui limite volontairement les bourses universitaires en-dessous du coût complet pour les étudiants-athlètes de leurs études et carrière sportive universitaire. Parmi les plaignants, Shariff Floyd, des Vikings de Minnesota et ancien Gator de Florida… Elles ont en commun de toutes citer en plus de la NCAA entre cinq et dix conférences de la division FBS… Toutes ces plaintes ont été déposées dans différents états, mais la cour fédérale a décidé de les réattribuer à Judge Claudia, qui est donc considérée comme une experte en matière d’anti-trust et de sports universitaires…
Un cas supplémentaire lui a été affecté, celui de Martin Jenkins, ancien cornerback de Clemson. Lui, ses co-plaignants et ses avocats tapent plus fort. Les limites imposées par la NCAA quant au droit à l’image et à sa rémunération permettent à la NCAA et ses membres de s’enrichir sur le dos des étudiants-athlètes. La plainte comprend les termes ‘substantial damages’, ce qui implique que les plaignants veulent réclamer des millions de dollars en dommages et intérêts….
Si O’Bannon ne fait pas trop peur à la NCAA, ses membres se font beaucoup de souci autour du cas Jenkins… Du fait de la composition de son groupe d’avocats. En effet, en plus du légendaire Jeff Kessler, l’homme par qui la free agency NFL a vu le jour et David Greenspan, avocat réputé, Jenkins a dans son camp Tim Nevius. Whodat ? Tim Nevius est l’un des anciens enquêteurs de la NCAA dans le cas du Tattoo Five d’Ohio State, celui qui a mené l’interrogatoire de Jim The Vest Tressel dans le cadre de l’investigation touchant la fac de mon grand ami Gordon E. Gee… C’est à dire que le camp Jenkins a un vrai insider, qui connaît tout des protocoles NCAA, mais aussi tous les non-dits, tous les secrets de fabrication et saura quels documents demander et présenter si le cas Jenkins aboutit à un procès…
Et le camp Jenkins espère bien avoir droit à un procès qui se tiendra au New Jersey, là où la plainte a été déposée à l’origine. Parce que Jenkins et compagnie veulent tout simplement lever toutes les restrictions quant au recrutement des étudiants-athlète. Marché libre, pas de limite de nombre ou de montant de bourses universitaires distribuables. Armageddon pour le football universitaire tel que nous le connaissons.
Voilà de quoi en faire LE PROCES LE PLUS IMPORTANT DE L’HISTOIRE DU SPORT UNIVERSITAIRE. Ça ne vous rappelle rien ???
Days Nine and Ten
And there he was… Mark Emmert, dans le box. Droopy en personne…
Bon, il ne fallait pas s’attendre à un grand show. Juste un type avec le charisme d’une moule qui vient débiter le texte qu’il a appris par cœur, et répondre avec le peu de mauvaise foi qu’il faut dans ce genre de circonstances. On n’a rien appris…
Tout juste a-t-on un peu rigolé en voyant Marky Mark se tortiller sur sa chaise et répondre à Judge Claudia qui lui demandait ce qui se passait que cette foutue chaise n’arrêtait pas de remonter toute seule. Une chaise piégée !!
Oh, bien sur, Droopy y est allé de sa petite gaffe, en déclarant au cours de la session de contre, que, bien que les règles de la NCAA ont évolué ces dernières années, la vertu cardinale demeurait d’être… ‘des athlètes à plein temps’… Ce à quoi l’avocat des plaignants a répondu : ‘vous voulez dire ‘étudiants’, non ?’… Emmert, rougissant, s’est excusé… Sa langue avait fourché…
Judge Claudia y est allée de ses petites questions, demandant notamment si cela poserait problème de créer un fonds pour rémunérer les joueurs à la fin de leur carrière. Emmert a répondu que oui, et que ça reviendrait, en payant pendant ou après la carrière, à transformer les sports universitaires en Ligue Mineure pour le football et le basket…
Ce à quoi Judge Claudia a répondu par une nouvelle question, à savoir si Emmert considérait que les étudiants-athlètes seraient ‘exploités’ par des société commerciales si on les rémunérait… Ce à quoi Emmert a répondu : ‘oui’.
Emmert est remonté dans le box le vendredi matin, et les avocats des plaignants se sont bien amusés à mettre Droopy devant ses contradictions… En se connectant en direct sur le site des Seminoles, et en tapant ‘Winston’ dans la barre de recherche, l’avocat des plaignants s’est retrouvé en direct sur une page proposant d’acheter une trading card à l’effigie du Heisman… En allant sur le site marchand lié à celui des Ducks, il a ensuite fait remarquer qu’on mettait en avant un maillot frappé du numéro 8, et demandé à Emmert s’il savait que ce numéro était celui de Marcus Mariota. Ce à quoi Emmert a répondu : « Non, vous savez, je suis un Husky (de Washington)… Donc, non.. »
Bref, on a joué sur les mots, et pas vraiment avancé…
Le temps était venu de faire monter dans le box une autre personnalité représenant le Cartel : Jim Delany, le comissionner de la Big Ten. Yup, le type qui a inventé le concept de Leaders and Legends pour nommer les divisions de sa conférence…
Une nouvelle fois, pas de surprise…
Payer les joueurs, voilà qui creuserait des fossés entre les facs et les étudiants-athlètes, entre les étudiants-athlètes et les étudiants, et avec le public… No surprise… Delany était presque émouvant en racontant son passé de joueur de basket à North Carolina, où il a reçu une bourse universitaire…
On a ressorti une lettre de Delany à ses homologues plaidant pour une remise à niveau des bourses, et indiquant le risque d’exploitation de l’image des joueurs par les équipementiers, notamment Adidas. Delany déclarait ne pas vouloir que Adidas étale son logo sur le dos de ses maillots.
Au cours du contre-interrogatoire, Hausfeld a demandé à Delany si Adidas avait obtenu le droit de mettre sa virgule sur le devant des maillots. Objection des avocats de la NCAA : « Ce sont des bandes » (le logo Adidas). La salle était morte de rire…
On a enfin parlé gros sous avec un cadre de la NCAA, Petr, et distribution des revenus télés… Je vous épargnerai les détails…
To Be Continued…
Dossier
Army-Navy, l’essence du College Football
Un match unique intimement lié à l’Histoire du College Football et qui transcende le cadre du sport. C’est pourquoi on l’appelle simplement The America’s Game.
Ils sont originaires des quatre coins des États-Unis. Le sens du devoir, l’envie de servir leur pays et le sacrifice de leur vie pour sauver celle des autres les ont réunis. Quelles que soient leurs origines ethniques, leurs catégories sociales et leurs tendances politiques, ils ont décidé de défendre la Liberté. Ils sont les futurs gradés de l’armée américaine.
Tout au long de l’année, les « Go Army, Beat Navy » et « Go Navy, Beat Army » résonnent sur les campus de West Point (New York) et d’Annapolis (Maryland). Et depuis 1930, c’est sur le gridiron que s’affrontent chaque année les Midshipmen et les Cadets (aujourd’hui appélés Black Knights).
En 1890, le premier Army-Navy Game fût organisé lorsqu’un cadet de l’armée de terre américaine (Army), Dennie Mahan Michie, accepta le défi lancé par l’académie militaire rivale, la Navy. C’était alors le premier match de l’Histoire du programme de football des Cadets de l’Army… Une victoire 24-0 des Midshipmen.
Trois ans plus tard, les Cadets furent de nouveau battus, cette fois-ci à Annapolis. Une altercation entre un contre-amiral de la Navy et un brigadier général de l’Army envenima l’antagonisme naissant : les deux opposants furent obligés d’être séparés alors qu’un un duel armé était sur le point d’être organisé. Le président américain de l’époque, Grover Cleveland, dût intervenir pour calmer les esprits.
Ce dernier prit également la décision d’interdire ce match annuel pour protéger la santé de dizaine d’aspirants-officiers qui étaient blessés chaque année non pas sur le champ de bataille… mais sur le terrain de football ! La plus féroce des rivalités du sport américain venait de naître.
Alabama-Auburn, Ohio State-Michigan, Red Sox-Yankees, Canadiens-Bruins. Toutes ces rivalités enflamment les passions et séparent des familles le temps d’un match. Elles se fondent sur une fidélité profonde à un camp et une haine profonde d’un adversaire qui a finalement davantage de ressemblances que de différences.
Mais la rivalité Army-Navy est unique. Elle repose sur un respect mutuel et une fraternité indéfectible entre deux équipes qui seront peut-être, un jour ou l’autre, côte à côte face à un ennemi commun.
Une Rivalité qui a marqué l’Histoire du College Football
Les premiers affrontements entre Army et Navy se déroulent à une époque où le sport que nous connaissons aujourd’hui n’en est qu’à ses balbutiements. La passe en avant n’existe pas encore et les matchs de football ressemblent davantage à des matchs de rugby dont la sauvagerie n’a d’égal qu’une violence extrême qui fait des dizaines de morts chaque saison.
Ainsi, lors du fameux match de 1893, le futur Amiral Joseph Mason Reeves fût le premier joueur de l’Histoire à porter un casque. Fait de cuir… par un cordonnier d’Annapolis ! Le médecin de l’équipe de la Navy l’avait prévenu : un autre choc à la tête pourrait provoquer une déficience intellectuelle irrévercible ou même… la mort.
70 ans plus tard, le 7 décembre 1963, alors que les États-Unis viennent de vivre l’une des plus grandes tragédies de leur Histoire (l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy), c’est au cours d’un match Army-Navy que le premier replay instantané fera ses débuts à la télévision américaine lors d’un TD au sol du quarterback des Black Knights, QB Rollie Stichweh. Cette nouvelle technologie développée par CBS sera l’une des inventions majeures dans la diffusion du sport à la télévision.
Anecdote cocasse : ce premier replay instantané a été retransmis à vitesse réelle ce qui avait obligé le commentateur de l’époque, Lindsey Nelson, d’ajouter « Non, Mesdames et Messieurs, Army ne vient pas d’inscrire un autre TD ! ».
Un match qui célèbre le Patriotisme américain
Army-Navy, c’est une rivalité qui transcende le sport à bien des égards. Ainsi, samedi 10 décembre 2022 à 15h (21h en France), des milliers de soldats et marins américains à travers le monde entier seront devant leur écran pour regarder la 123ème édition de ce match mythique.
Il n’y a pas de familles américaines, de près ou de loin, qui n’a pas un membre engagé dans l’armée ou qui a été amené à défendre les intérêts du pays lors de conflits armées passés. Chaque famille américaine peut se rappeler d’un grand-père, d’un oncle et d’un père qui est tombé au combat. C’est pourquoi, le temps d’un match Army-Navy, c’est l’ensemble du pays qui se rassemble autour d’une valeur forte de l’Amérique : le Patriotisme.
La veille de l’affrontement tant attendu, la Brigade des Midshipmen et le Corps des Cadets défilent dans la ville hôte d’un match qui ne se déroule plus sur campus, hormis circonstances exceptionnelles, depuis l’altercation de 1893.
En raison de sa position géographique à mi-distance entre les campus de West Point et d’Annapolis, la ville de Philadelphie a accueilli le plus souvent ce qu’on appelle aujourd’hui The America’s Game. Baltimore, New York mais aussi Los Angeles (en 1983) ont également été le cadre de ce classique Army-Navy.
Et lorsqu’en 1926, la ville de Chicago inaugure son Soldier Field, nommé en l’honneur des soldats américains morts lors de la 1ère Guerre Mondiale, c’est évidemment les Midshipmen et les Cadets qui fouleront les premiers la pelouse de cette nouvelle enceinte démesurée pour l’époque.
Chaque année, quelques minutes avant le coup d’envoi du match, la Brigade des Midshipmen et le Corps des Cadets effectuent le « March On », une spectaculaire parade militaire réalisée avant l’interprétation de l’hymne national américain joué par la fanfare des deux académies militaires. Pour réaffirmer l’esprit patriotique de l’événement, les Navy Jets et l’avion présidentiel, Air Force One, effectuent un vol à basse altitude au-dessus du stade. Le Patriotisme dans sa tenue d’apparat.
Depuis Theodore Roosevelt en 1901, les présidents américains ont bien compris la portée nationale de cet événement qui fait déplacer les foules. Calvin Coolidge, Harry Truman, John F. Kennedy, Bill Clinton, George Bush, Barack Obama ou Donald Trump ont tous assisté à ce Rivalry Game annuel. L’objectif est clair : être présent aux côtés des troupes pour s’associer aux valeurs sous-jacentes d’un match qui dépasse le cadre du football.
Une histoire de Traditions
132 ans, 122 matchs. Des petites histoires dans la grande Histoire et des Traditions respectées de génération en génération.
Army-Navy, c’est un match exceptionnel. Tous ceux qui ont pu y assister un jour vous décriront avec émotion leur sentiment d’avoir vécu quelque chose hors du commun. Le poids des Traditions donne à cette rivalité un supplément de solennité.
Army-Navy, ce n’est pas seulement « Go Army, Beat Navy » et « Go Navy, Beat Army ». Avant le coup d’envoi, on procède au « Prisoner Exchange ». Chaque année en septembre, les deux académies militaires échangent un certain nombre d’étudiants pour leur donner la chance de mieux comprendre et de respecter la branche opposée. Avant le match, les étudiants qui ont participé à ce programme d’échange traversent cérémonieusement le terrain pour rejoindre leur académie militaire d’origine pour la durée du match afin qu’ils puissent encourager leur équipe.
Peu importe qui gagne et qui perd, chaque équipe se joindra à l’autre pour chanter son alma mater à la fin du match. Les gagnants font d’abord face aux supporters de l’équipe perdante, puis ils se joindront à eux pour chanter leur hymne. C’est alors au tour de l’équipe perdante de rejoindre les gagnants pour chanter leur hymne face à leur supporters. C’est ainsi que l’objectif des deux équipes avant le match est de « sing the second » (chanter en second). Cet acte de respect démontre que quel que soit le résultat, les deux équipes représentent un pays uni et elles se soutiendront à tout jamais.
Pour réaffirmer sa neutralité lors de ce match, le président américain change de côté dans les tribunes en traversant le terrain à la mi-temps lors de la Tradition du « Halftime Walk ».
Mais quoi de plus traditionnel que le style de jeu offensif des deux équipes ? Alors que le football a connu de multiples révolutions, Army et Navy restent les protecteurs d’un système offensif en voie d’extinction : la fameuse « triple option offense ». Depuis des décennies, elle est pratiquée, développée et affinée jusqu’à en devenir un art à part entière. L’édition 2022 ne fera pas exception.
Des joueurs de Légende
La longue et riche histoire de la rivalité Army-Navy a vu s’affronter des joueurs qui deviendront, pour certains, des Légendes du College Football.
Le match Army-Navy de 1963 restera comme un moment fort de l’Histoire américaine. Quelques jours après l’assassinat du président John F. Kennedy, il permit à l’Amérique de communier ensemble suite à cette tragédie. Ce match sera également l’occasion d’un affrontement à distance entre deux quarterbacks au Destin bien différent mais si emblématique de cette rivalité. Face à face : QB Roger Staubach (Navy) et QB Rollie Stichweh (Army). La Navy s’imposa 21-15 non sans une tentative de comeback mémorable des Black Knights qui récupérèrent le ballon sur un onside kick, puis remontèrent le ballon à 2 yards de la ligne d’en-but des Midshipmen. En vain. Dans un bruit assourdissant, le quarterback de l’Army ne parvint pas à appeler un dernier jeu offrant ainsi la victoire à la Navy. QB Roger Staubach remportera plus tard le Super Bowl avec les Dallas Cowboys et deviendra un Hall of Famer alors que QB Rollie Stichweh servira son pays pendant 5 ans lors de la guerre du Vietnam.
Army a connu ses heures de gloire au cours de la 2ème Guerre Mondiale remportant 3 titres de champion national en 1944, 1945 et 1946 sous les ordres du coach Earl Blaik. Ce dernier a pu compter sur le meilleur duo de running backs de l’Histoire : RB Doc Blanchard et RB Glenn Davis, surnommé « Mr. Inside » et « Mr. Outside » pour leur complémentarité exceptionnelle. Tous les deux remporteront le trophée Heisman (Blanchard en 1945 et Davis en 1946).
Dossier
Comment regarder les matchs de College Football en France ?
A quelques heures du début de la saison 2022 de College Football, nous vous proposons un tour d’horizon des différentes options que vous avez pour regarder des matchs à partir de la France.
Note : The Blue Pennant n’a reçu et n’acceptera aucune rémunération pour avoir cité et recommandé un certain nombre de diffuseurs et services en ligne. Ceci n’est pas un article promotionnel mais uniquement un article informatif. Cet article est une mise à jour d’un article publié le 27 aout 2021.
Vous avez été nombreux à nous solliciter via Twitter, Facebook ou par mail afin de connaitre les différentes options pour pouvoir suivre le football américain universitaire en direct ou à la demande.
L’offre TV en France est très limitée, c’est donc vers le streaming… en anglais qu’il faudra vous tourner. Si vous ne maitrisez pas un minimum la langue de Shakespeare, ça peut être un problème.
Que vous soyez un passionné ou que vous souhaitiez suivre quelques matchs à l’occasion, nous vous proposons de faire un tour d’horizon complet des différentes offres qui vous permettront de faire votre choix en fonction de votre intérêt et de votre budget.
TV
BeIn Sports a récupéré le contrat de diffusion de la NCAA avec ESPN qui appartenait jusqu’en 2021 à RMC Sports. Deux matchs sont diffusés par semaine, généralement le samedi.
On vous conseille de suivre Benjamin Bernard sur twitter : il publie régulièrement les affiches des matchs diffusés avant tout le monde.
Streaming
ESPN Player
C’est le seul service légal de streaming TV accessible en France. Il vous permet d’accéder aux très nombreux matchs de College Football diffusés par les chaines du groupe ESPN (ESPN, ESPN 2, ESPN 3, ESPN U, ABC) et de ses filiales (SEC Network, ACC Network, Longhorn TV) + Pac-12 Network.
ESPN Player vous permet aussi de regarder l’émission phare College Gameday (tous les samedis à de 15h à 18h en France), les bowls de fin de saison et le College Football Playoff.
Si vous aimez le basket NCAA et la March Madness, cela fait également partie du package. De nombreux documentaires produits par ESPN sont également disponibles à la demande.
Par contre, vous ne verrez pas le meilleur match de la semaine dans la SEC (diffusé sur CBS), ni certains gros matchs de la Big Ten et de la Big 12 (diffusés sur Fox), ni les matchs à domicile de Notre Dame (diffusés sur NBC).
Toutefois, ça reste un incontournable pour tous les fans de College Football.
➡️ https://www.espnplayer.com/
Prix : 79,99 euros par année ou 11,99 euros par mois.
Avantages :
- Accessible sur ordinateur (Mac, PC), téléphone mobile (iOS, Android). Compatible avec AirPlay et Chromecast.
- Matchs en live et à la demande.
- Essai de 7 jours gratuits pour les nouveaux abonnés.
- Excellente qualité d’image (1080p / 4K).
Inconvénients :
- Pas d’accès aux matchs diffusés sur CBS (souvent le meilleur match de la semaine dans la SEC).
- Pas d’accès aux matchs diffusés sur Fox et Fox Sports.
- Pas d’accès aux matchs diffusés sur NBC (Notre Dame).
Via un VPN
C’est une option qui demande un peu plus d’effort (ça reste simple) mais qui, au final, est peut-être la formule la plus adaptée pour les passionnés !
C’est quoi un VPN ?
Virtual Private Network ou Réseau Privé Local en français. L’idée est très simple : grâce à un logiciel « agent », le but est de créer une connexion permanente, sécurisée et encryptée entre deux ordinateurs distants tel un tunnel. C’est totalement LÉGAL.
Ça sert à quoi ?
Un VPN permet de changer d’adresse IP sur internet puisque votre ordinateur/téléphone/tablet se retrouvera avec l’adresse IP de l’ordinateur sur lequel vous est connectés via le VPN. Cela permet de contourner les restrictions géographiques de certains services proposés sur Internet. Si vous êtes connectés à un serveur américain via un VPN, votre adresse IP sur internet sera localisée aux États-Unis !
Et c’est là tout l’intérêt : accédez à n’importe quel site Internet ou application, sans restrictions géographiques ni censure.
Tous les services américains de TV en ligne restreignent géographiquement leur accès. Seuls les résidents américains peuvent s’y abonner. Or, avec un VPN, vous êtes comme un américain (sur internet, en tout cas). Et hop, vous pouvez désormais y accéder moyennant un abonnement en ligne.
Quel service de VPN choisir ?
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Il existe d’autres fournisseurs de VPN comme NordVPN, CyberGhost ou Private Internet Access.
Et après, je fais quoi avec mon VPN ?
Une fois votre VPN installé et connecté sur un serveur aux États-Unis, vous êtes comme un américain sur internet : vous pouvez accéder à des services qui sont généralement géobloqués hors des Etats-Unis.
Il vous faut alors vous abonner à un service de streaming TV (OTT). C’est la seconde étape. Nous vous proposons ci-dessous de découvrir les trois meilleurs services selon notre expérience : Fubo TV, Sling TV et Hulu.
Fubo TV
C’est probablement le service de streaming TV en ligne (OTT) le plus complet pour les passionnés de sport.
Chaines disponibles : ABC, CBS, NBC, Fox, Big Ten Network, CBS Sports, ESPN, ESPN 2, ESPN 3, ESPNU, ESPN News, Fox Sports 1 et 2, NBC Sports, SEC Network, ACC Network, Pac-12 Network, NBA TV, NFL Network, MLB Network, BeIN.
Prix : 69,99$/mois.
Avantages :
- Accès à toutes les chaines détenant les droits du College Football (pas uniquement ESPN).
- Pas d’engagement à long terme (possibilité de résilier l’abonnement chaque mois).
- Pas de restriction imposant une carte de crédit US pour l’abonnement.
- Prix abordable.
- Service très stable et excellente qualité d’image (1080p et 4K !).
- Accessible sur ordinateur (Mac, PC), téléphone mobile (iOS, Android) ou via Apple TV, XBox One, Android TV.
Inconvénients :
- VPN requis (voir plus haut).
- Pas accès à Longhorn Network.
Sling TV
C’est le service de streaming TV en ligne (OTT) le moins cher mais également complet.
Trois formules disponibles :
- 35,00$/mois : Sling TV Orange (comprenant ESPN, ESPN 2, ESPN 3, ACC Network). Pas intéressant par rapport à ESPNPlayer (voir plus haut).
- 46,00$/mois : Sling TV Orange (ESPN, ESPN 2, ESPN 3, ACC Network) + Extras Sport (BeIN, ESPNU, ESPN News, SEC Network, SEC Network +, Longhorn Network Pac-12 Network, NBA TV, NHL Network, Stadium).
- 61,00$/mois : Sling TV Orange (ESPN, ESPN 2, ESPN 3) + Sling TV Bleu (Fox, Fox Sports 1 et 2, NBC, NBC Sport Network, NFL Network) + Extras Sport (BeIN, ESPNU, ESPN News, ESPN Goal line, SEC Network, SEC Network +, ACC Network, Longhorn Network, Pac-12 Network, NBA TV, NHL Network, NFL Red Zone, Stadium, Golf).
Avantages :
- Accès à la quasi-totalité des chaines détenant les droits du College Football (pas uniquement ESPN).
- Pas d’engagement à long terme (possibilité de résilier l’abonnement chaque mois).
- Prix abordable.
- Service très stable et excellente qualité d’image (1080p, 4K ! ).
- Possibilité de replay via une option CloudDVR.
- Accessible sur ordinateur (Mac, PC), téléphone mobile (iOS, Android) ou via Apple TV, Roku, XBox One, Android TV.
Inconvénients :
- VPN requis (voir plus haut).
- Pas accès à CBS et CBS Sports.
- Obligation d’acheter des Sling TV Gift Card pour s’abonner (vous pouvez les acheter sur amazon.com sans restriction) car seules les cartes de crédit américaines sont autorisées pour payer l’abonnement sur le site sling.com.
Attention : ne créez pas de compte avant d’avoir votre Sling TV gift card. Une fois votre code de Sling TV gift card reçu, passez par https://www.sling.com/gift, puis « New user, redeem here ». Vous pourrez alors vous abonner en renseignant le code de Sling TV gift card dans le formulaire.
Hulu
Autre service de streaming TV en ligne (OTT). Plus généraliste mais très complet donc plus cher.
Chaines disponibles : ABC, CBS, NBC, Fox, Big Ten Network, CBS Sports, ESPN, ESPN 2, ESPNU, ESPN News, Fox Sports 1, SEC Network, ACC Network. ESPN+ en option.
Prix : 70,99$/mois.
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Dossier
[rivalry] Michigan et Michigan State à la conquête du Paul Bunyan Trophy
Deux universités, deux campus, deux programmes, pour un trophée, pour un Etat. Michigan versus Michigan State, Wolverines versus Spartans, Ann Arbor versus East Landing. Chaque année, cette confrontation tient en haleine le monde du football universitaire
Deux universités, deux campus, deux programmes, pour un trophée, pour un Etat. Michigan versus Michigan State, Wolverines versus Spartans, Ann Arbor versus East Lansing. Chaque année, cette confrontation tient en haleine le monde du football universitaire.
La rivalité entre Michigan et Michigan State possède une histoire riche. La première confrontation entre les 2 universités remonte à plus d’un siècle, 1898 plus exactement. Depuis cette date, 105 confrontations ont été jouées, et Michigan tient largement les commandes avec un bilan de 68-32-5 en sa faveur.
Ce n’est qu’à partir de 1953 et l’arrivée de Michigan State dans la Big Ten Conference que les 2 universités se disputent le Paul Bunyan Trophy. Ce trophée, représentant le bucheron géant Paul Bunyan, symbolise l’histoire du Michigan, autrefois un Etat majeur dans la production du bois.
L’histoire commune entre Wolverines et Spartans débute donc en 1898. Dès le début, Michigan semble être plusieurs crans au dessus de Michigan State. De 1898 à 1933, Michigan remporte 23 rencontres, pour seulement 2 défaites et 3 nuls. En 1902, les Wolverines l’emporteront d’ailleurs sur un score record de 119 à 0. Michigan sera élu champion national cette année là, comme en 1901, 1903 et 1904.
Entre 1934 et 1937, les Spartans enchainent 4 victoires d’affilée contre Michigan, avant de sombrer 10 fois de suite jusqu’en 1949.
Les années 1950 et 1960 représentent la période de domination de Michigan State. Dans les années 1950, les Spartans sont l’une des meilleures équipes du football universitaire au niveau national. Guidés par coach Clarence Munn et par des joueurs comme Lynn Chandnois, Dorne Dibble, Bob Carey ou encore Don Coleman, MSU termine les saisons 1951 et 1952 invaincu, avec le titre national en poche (partagé avec Tennessee en 1951). Les Spartans remporteront également le Rose Bowl de 1954 et 1956, sous les ordres de coach Duffy Daugherty. Michigan State est à nouveau élu champion national en 1965 (malgré une défaite contre UCLA au Rose Bowl) et en 1966 (co-champion avec Notre Dame, suite au match nul 10 à 10 dans le « Game of the Century »). De 1950 à 1969, les Spartans domineront logiquement les Wolverines avec 14 victoires pour seulement 4 défaites et 3 nuls.
1970 marque un tournant. L’arrivée de Bo Schembechler à la tête des Wolverines va radicalement changer la donne. Michigan devient à nouveau une place forte du football universitaire durant cette décennie. Classé dans le top 10 (au classement AP Top 25) des équipes universitaires de 1970 à 1979, Michigan prendra le dessus sur Michigan State 8 fois sur 9 (défaite en 1978, année où les 2 universités se partageront le titre de la Big Ten Conference). Les années se suivent et se ressemblent, puisque Michigan remportera 8 des 10 matchs joués durant les années 1980.
Le match de 1990 marque un moment important dans l’histoire de la rivalité. Classé #1, UM reçoit MSU à Ann Arbor. Favoris, les Wolverines sont menés 28 à 21 dans la dernière minute. Un touchdown d’Elvis Grbac pour Derrick Alexander permet à Michigan de revenir à un point. Gary Moeller, le coach des Wolverines, joue la gagne avec une tentative de conversion à 2 points. Dans une action très confuse, les arbitres oublieront une pass interference d’Eddie Brown sur Desmond Howard. Le score ne changera plus malgré une dernière Hail Mary de Grbac qui sera d’ailleurs interceptée. Après le match, les arbitres appelleront Moeller afin de s’excuser pour la mauvaise décision arbitrale ayant couté le match à Michigan.
Les années 1990 restent tout de même à l’avantage des Wolverines. Classé dans le top 10 de l’AP Top 25 jusqu’en 1997, Michigan dominera son rival avec un bilan de 7-4 entre 1990 et 2000. Les Wolverines, guidés par le quarterback Brian Griese et le vainqueur du trophée Heisman Charles Woodson, seront même champions nationaux en 1997.
L’arrivée des années 2000 marque par la même occasion l’arrivée d’un certain nombre de belles confrontations, à la fois serrées et intenses, entre les 2 rivaux.
Le match de 2001 par exemple, aussi appelée le « Clockgate », restera à jamais dans les mémoires des deux camps. Menés 24 à 20 à 3 minutes de la fin, les Spartans recupèrent le ballon au milieu de terrain. Après une penalité contre Michigan pour un facemask et une autre pour avoir mis 12 joueurs sur le terrain, MSU a une occasion rêvée de passer devant à 17 secondes de la fin. Jeff Smoker, le quarterback des Spartans, tente une course mais est stoppé sur la ligne des 1 yards, avec l’horloge qui tourne. Michigan State se dépêche pour « spiker » la balle afin d’arrêter la montre. Le chronomètre indique qu’il reste 1 seconde à jouer, avec donc une dernière tentative pour les Spartans. Sur la dernière action du match, Smoker trouve T.J. Duckett pour le touchdown, permettant à Michigan State de l’emporter 26 à 24.
Le commentateur radio de Michigan, Frank Beckmann, qualifiera le match de « criminel » et critiqua fortement les arbitres. Malgré les réclamations de Beckmann, il a été prouvé que la décision arbitrale était bonne et qu’il restait bien du temps au moment du « spike ». Beckmann insista tellement que Bob Stehlin, le Clock Operator (responsable de l’horloge), était à deux doigts de poursuivre Beckmann en justice pour diffamation et calomnie. Finalement, aucune plainte n’a été portée et tout est rentré dans l’ordre.
Trois ans plus tard, Michigan et Michigan State s’opposent à Ann Arbor, dans un match qui se décidera en 3 prolongations (ce qui n’est jamais arrivé auparavant au Michigan Stadium). Les Wolverines l’emporteront 45 à 37, portés par leur receveur star Braylon Edwards (11 réceptions pour 189 yards et 3 touchdowns) et leur running back Mike Hart (224 yards en 33 courses).
L’année suivante, la rencontre se décidera à nouveau en prolongations. Ce match est spécial car c’est la première fois depuis 1968 que Michigan State est classé (#11) dans l’AP Top 25 alors que Michigan ne l’est pas (au moment de l’opposition). Cela n’empêchera cependant pas les Wolverines de dominer le début de match, en menant au score 14 à 0 puis 21 à 7. Les Spartans réagissent et parviennent à revenir à la hauteur de leur adversaire. Le temps réglementaire se finit sur un score de parité 31 à 31. En prolongations, MSU aura l’occasion de passer devant sur un field goal, mais le kicker John Goss est maladroit. Cela va couter très cher aux Spartans vu que le kicker de Michigan, Garrett Rivas, permettra à son équipe de l’emporter sur un field goal de 35 yards.
La suprématie de Michigan sur son rival se prolongera jusqu’en 2007, avec deux nouvelles victoires 31 à 13 et 28 à 24, portant ainsi la série victorieuse des Wolverines à 6 victoires d’affilée.
A partir de 2008, la tendance s’inverse. Michigan State va dominer son rival pendant 4 longues années, avec notamment des victoires inattendues en 2009 et 2011. Michigan parviendra à stopper l’hémorragie en 2012 en l’emportant 12 à 10 face aux Spartans, le tout sans scorer le moindre touchdown durant le match avant d’être ridiculisé 29-6 par Michigan State en 2013 qui a sacké le quarterback des Wolverines à 7 reprises forçant ainsi le programme d’Ann Arbor à terminer avec une abominable fiche de… -48 yards au sol !
Samedi, un nouveau chapitre du Paul Bunyan Trophy s’ouvrira à East Lansing. Ce sera la 114ème confrontation entre les 2 universités, pour notre plus grand bonheur.
L’anecdote : Les Spartans sont la « football factory »
Au début des années 1950, les Michigan State Spartans sont considérés comme l’une des meilleures équipes du pays. Ils gagnent même le surnom de « football factory », que l’on pourrait traduire comme « l’usine à football ».
Ce surnom n’est cependant pas pris au hasard. En effet, les années 1950 sont marquées par le développement de l’industrie automobile à Detroit, la principale ville de l’Etat du Michigan. C’est donc en référence à la ville leader de fabrication automobile que les Spartans étaient appelés la « football factory ».
Dossier
Réalignement et Recrutement : rejoindre le Power Five est-il une bonne affaire ?
La FBS est en passe de vivre son premier gros realignment de la décennie 2020, après celui du début des années 2010. Le départ de Texas et Oklahoma vers la SEC a logiquement provoqué un effet boule de neige. Outre la pseudo alliance Big Ten – Pac 12 – ACC qui vise à rééquilibrer les rapports de force dans le paysage du College Football, la Big 12 est désormais engagée une course contre-la-montre : amputée de ses deux programmes les plus populaires, elle doit désormais agir pour conserver sa compétitivité sportive et son attractivité auprès des téléspectateurs.
Les rumeurs se sont confirmées vendredi dernier : Cincinnati, UCF, Houston et BYU vont rejoindre la Big 12 dans les prochaines années, soit trois têtes de gondole du Group of Five et une équipe historique indépendante. Au-delà du gain de légitimité indéniable qu’une adhésion au Power 5 représente pour Cincinnati (rétroactivement playoffable ?…) et UCF (rétroactivement champion national ?…), on pourrait instinctivement se dire que cela serait bénéfique pour ces programmes du point de vue du recrutement.
Profitons donc de ce feuilleton qui a animé notre été pour faire un petit retour en arrière et observer quelles ont été les conséquences d’une adhésion à une conférence du Power 5 par le passé, en étudiant la chute de la Big East ainsi que le réalignment de la Mountain West.
Méthodologie
Cette étude porte sur sept programmes : Rutgers, Louisville, Syracuse, Pittsburgh et West Virginia tous issus de la défunte conférence Big East d’une part, et TCU et Utah d’autre part. Après une tentative ratée en AAC, Rutgers et Louisville ont respectivement rejoint la Big Ten et l’ACC. A l’implosion de la Big East, Pittsburgh et Syracuse avaient directement adhéré à l’ACC tandis que West Virginia avait opté pour la Big 12. De son côté, la Mountain West a perdu Utah en 2011 soit trois ans après la saison monumentale qui avait vu les Utes finir 2e de l’AP Poll et battre Alabama au Sugar Bowl, ainsi que TCU un an plus tard, qui avait à ce moment-là enchaîné trois titres de conférence d’affilée (accumulant au passage un bilan de 36 victoires pour 2 défaites).
Chaque année, le site 247Sports attribue aux équipes une note en fonction de leur classe de recrutement. Nous avons donc retenu cette mesure pour les 5 années qui ont précédé et suivi le realignment, ce qui nous donne un large scope de 10 ans, suffisant pour observer quelques tendances intéressantes.
En guise de repère, ayons à l’esprit qu’une note de 240 place généralement le programme dans le top 20 national. 200 serait une moyenne plutôt correcte pour l’ensemble du Power 5. 160 correspondrait à la partie haute du Group of Five. Enfin, une note de 120 correspond au haut du panier de FCS.
De plus, les graphiques plus bas retracent les notes annuelles des différentes équipes (en pointillés). Nous avons également ajouté une moyenne mobile (trait plein) afin de rendre compte de tendances plus durables.
De Rutgers à TCU, une absence de consensus
Le tableau ci-dessus nous permet de constater que les destins diffèrent nettement. La cote auprès des recrues d’équipes comme Louisville, Syracuse, Pittsburgh ou West Virginia varie peu (plus ou moins 5% maximum). A l’inverse, les trois équipes restantes méritent plus d’attention.
Rutgers, présenté sur le graphique ci-dessous, est de loin le grand perdant de cette vague de realignment. L’équipe passe globalement de 203 à 177 points, ce qui la glisser dans le bas de tableau de la FBS.
Bien que sa moyenne post-realignement soit plus élevée, le cas de TCU n’est pas si évident. En effet, on constate sur le graphique suivant que la progression des Horned Frogs démarre en Year -3. Ce nouveau standing se solidifie lors des années qui suivent mais aucun grand bon n’est observé à la suite de l’arrivée en Big 12. D’autres hypothèses peuvent être formulées quant à cette hausse : les trois titres d’affilée de Mountain West auraient par exemple permis à TCU d’ « avoir accès » à de meilleurs prospects au sein du réservoir texan.
Enfin, il en va de même pour Utah. On observe un grand bon entre les années -3 et -2, puis un effet de plateau jusqu’à l’année 2 avant de redescendre jusqu’à 160. Malgré tout, les Utes ont toujours été éligibles pour un Bowl Game entre 2014 et 2019 et constituent un contender régulier dans la division South de la Pac-12.
Conclusion
L’histoire récente nous montre que l’accession au Power 5 n’apporte pas de surplus de crédit aux programmes auprès des prospects. Il semblerait que les équipes « éligibles » à un passage à l’échelon supérieur aient opéré leur transition en amont, comme c’est probablement le cas actuellement à Cincinnati. Attention donc à l’éclatement de la bulle de hype qui entoure les Bearcats : lors de sa première saison en Pac-12, Utah avait fini avec un bilan de 7-5 (avec le bowl game) et 4 défaites sur ses 4 premiers matches de conférence.
Mais une chose est sûre. Grâce à ce futur realignment, les media toujours en quête de grain à moudre et les excités du bulbe qui pullulent sur Reddit auront enfin (encore ?) une réponse à la fameuse question : y a-t-il vraiment un biais entre le Power 5 et le Group of 5 ?…
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